Une absence, un retour : Ce qu'il fallait pour avancer

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1 an et 3 mois. C’est le temps qui s’est écoulé depuis que ce podcast est en pause. Une pause bien plus longue que je ne l’aurais imaginée. Moi, la carriériste assumée, j’aurais jamais imaginé m’arrêter aussi longtemps. Au début, cette idée m'effrayait. La peur, cette compagne invisible, s'est glissée dans mon quotidien. Elle chuchotait à mon oreille, me rappelant sans cesse que les gens allaient m'oublier. Que mon absence allait effacer tout ce que j'avais construit, que mon nom allait se perdre dans l'immensité du bruit numérique. Et cela alors que, soyons honnêtes, je n’ai même pas des millions d’abonnés.

Et malgré ça, je me suis rendu compte que j’ai eu du mal à mettre le podcast en pause, à vraiment déconnecter. Pourtant, pour ceux qui me suivent, vous savez que j’ai consacré plusieurs épisodes à l’importance de décrocher du travail. C’est bien de le dire, mais en le vivant, j’ai réalisé que c’est tout aussi difficile pour moi. On entend tellement de conseils sur l’équilibre entre vie pro et perso, sur la nécessité de prendre du recul, de déconnecter, de ne pas s'épuiser. On les lit, on les écoute, on les partage même avec enthousiasme, convaincus de leur bien-fondé. Mais quand vient le moment de les mettre en pratique, c’est une autre histoire. C’est facile de dire "prenez du temps pour vous", mais s'accorder réellement ce temps, c’est bien plus compliqué. On a toujours une excuse, un projet en cours, un mail urgent, une tâche qu’on pense pouvoir boucler rapidement.

Bref, ces pensées tournaient en boucle.

On vit dans une époque où l’on a l’impression que notre existence dépend de notre visibilité. Que si l’on cesse de poster, de partager, de s’exposer, on devient soudainement invisible. Mais est-ce vraiment le cas ? Est-ce que nos vies, nos réalisations, notre essence, peuvent vraiment être effacées si facilement ?

Peu à peu, j’ai commencé à donner au temps sa juste place. À comprendre que cette course effrénée pour être vue, pour être validée, n’était finalement qu’une illusion. Les réseaux sociaux, ces vitrines scintillantes, mais éphémères, ne sont pas le reflet de notre véritable valeur, ni de notre impact. Le monde continue de tourner, avec ou sans nous. Il est implacable dans sa marche, indifférent à nos absences, à nos silences. C’est presque drôle, non ? Cette peur irrationnelle de disparaître de la mémoire collective si l’on ne publie pas, si l’on n’est pas constamment en ligne. Comme si nos vies, notre essence même, dépendaient de ce fil numérique.

Et pourtant, cette peur, aussi irrationnelle soit-elle, nous touche tous. Elle révèle notre besoin profond de reconnaissance, de validation. Mais c’est aussi un peu égocentrique de penser ainsi, de croire que le monde s'arrêterait de tourner simplement parce qu’on a choisi de se retirer, de faire une pause. Parce qu'en réalité, le monde continue de tourner, avec ou sans nous. Il ne s'arrête pas, il ne s'interrompt pas, il avance, inexorablement.

Une fois ces pensées dissipées, une fois cette peur affrontée, que reste-t-il vraiment ? La vie. La vraie vie. Celle qui se déroule en dehors des écrans, des notifications, des attentes sociales. Ce temps de pause m’a offert une opportunité rare : celle de savourer la vie, de m’ancrer dans le présent.

J’ai pris cette pause, longue et nécessaire, car j’ai eu la chance inouïe de devenir mère pour la deuxième fois. Un être si petit, et pourtant si puissant, capable de redéfinir tout mon univers, comme sûrement beaucoup de parents le diraient.

Bref, c’était une année entière loin du tumulte (enfin presque parce qu’avec un bébé le tumulte est quand même un peu là), loin des obligations, loin de ce monde qui nous pousse sans cesse à faire, à produire, à performer.

Et là, dans cette simplicité retrouvée, j’ai compris une chose essentielle : le bonheur n’exige pas grand-chose. Il se niche dans les moments les plus ordinaires, dans le silence d’un matin, dans un sourire échangé, dans l’authenticité d’un moment partagé. Ce bonheur-là, il ne se mesure pas en likes, en followers, en succès professionnel. Il est bien plus profond, bien plus intime. Il est là, présent, dans chaque moment de notre vie, si l’on prend le temps de le voir, de le ressentir.

Mais voilà, il y a ce moment où la vie nous rappelle doucement à elle. Où l’appel du travail, de la création, de l’expression, se fait sentir. Faire mon podcast m’a manqué, c’est vrai. Ce n’est pas seulement un travail, c’est une passion, une manière de m’exprimer, de partager, de créer du lien.

Alors, me revoilà. Parce qu’au final, même si le monde continue de tourner sans nous, il y a toujours ce petit coin d’univers où notre contribution, aussi humble soit-elle, trouve encore sa place. J’ai eu le temps de réfléchir, et je réalise à quel point j’ai de la chance. La chance d’avoir un travail qui me passionne, qui me tient à cœur, et qui dépasse la simple routine. Ce travail, c’est bien plus qu’une obligation : c’est un moyen de s’investir dans ce qui me fait grandir et de partager une part de moi avec les autres.

Et peut-être que, dans ce retour, dans cette reprise, il y a une nouvelle sagesse, une nouvelle perspective. Un équilibre entre ce que l’on fait et ce que l’on est, entre ce que l’on donne et ce que l’on reçoit. Alors, me voilà de retour, avec de nouvelles perspectives, et peut-être, un peu plus de sagesse.

À très vite.